VISION DES PERES FONDATEURS DU REESAO
Maryse Adjo QUASHIE
Première Secrétaire Générale du REESAO
- L’INITIATIVE
Avant tout, il faut mettre l’accent sur un préalable très important : le REESAO est une initiative qui provient non des ministères, et donc des politiques mais des universitaires eux-mêmes. C’est pourquoi à chaque rencontre qui se tenait dans un des pays de la sous-région, la proposition de passer au LMD a dû être présentée aux responsables politiques nationaux.
C’est aussi une initiative qui est partie des universités relativement moyennes ou petites avant d’être rejointe par les plus grandes comme l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) ou Houphouët-Boigny de Cocody (Côte d’Ivoire).
Par conséquent, le type d’université proposée par le REESAO correspond à un modèle non imposé par les autorités politiques africaines ou d’ailleurs mais par le contexte d’alors. En effet, les universités ouest-africaines étaient en difficulté avec des taux d’échecs très élevés dans le premier cycle de formation et ce dès la première année d’inscription des apprenants et un chômage important des diplômés. Or les années 2000, consacrant la société du savoir, étaient marquées par un contexte mondial de compétitivité fondée sur la formation universitaire. Ainsi, les discussions qui vont aboutir au REESAO ont commencé dès juillet 2005 alors que le processus de Bologne n’était pas encore arrivé à terme en Europe. Les universitaires ouest-africains qui ont fondé le REESAO ont donc voulu proposer un modèle valable pour l’Afrique sans pour autant ignorer les dispositifs ayant fait leur preuve ailleurs.
- LE MODELE PROPOSE
Les fondateurs du REESAO voulaient proposer une institution dont les Africains puissent dire, c’est “NOTRE UNIVERSITE”. Il était en effet temps de mettre sur pied un système qui permette de tourner le dos à l’extraversion de l’enseignement supérieur francophone, à renoncer enfin aux extensions de la Sorbonne en terre d’Afrique.
A cause de cela, le REESAO devait constituer un espace présentant les caractéristiques suivantes.
- Un espace de formation tenant compte des réalités locales
- un espace adapté aux caractéristiques sociohistoriques locales : par exemple, le REESAO s’est battu pour instaurer des domaines tels que les Sciences Agronomiques ou les Sciences de l’Education et de la Formation. De la même manière, dans le réseau, la professionnalisation se définit comme un esprit qui anime tous les parcours et non comme l’implantation de quelques établissements dits professionnels ;
- un espace permettant la mobilité des jeunes pendant leur temps de formation mais aussi après. C’est ainsi que renonçant aux espaces restreints des Etats coloniaux, il a été recommandé des parcours adossés aux cultures ouest-africaines (Mandingue, Akan, Aja-Tado, Mossi etc.).
- Un espace offrant une formation au plus grand nombre
L’université proposée par le REESAO était destinée à permettre au plus grand nombre de réussir grâce à la diversification des parcours où chaque jeune pourrait se retrouver. Cela devait permettre de rentabiliser l’enseignement supérieur contrairement à la sélection consécutive à l’élitisme hérité de l’université française. Cette orientation devait impulser une dynamique de renouvellement du secondaire qui par la multiplication de ses filières notamment professionnalisantes devait contribuer à la régulation de la massification.
- Un espace proposant une formation de qualité
Le REESAO, tout en étant d’accord avec la nécessité de développer l’éducation de base, socle commun pour tous les citoyens, s’est opposé aux diktats des institutions de Bretton Woods qui recommandaient la réallocation des ressources de l’enseignement supérieur au profit de l’enseignement primaire.
Les ressources de l’enseignement supérieur devaient lui permettre de se moderniser et surtout de rationaliser son processus de formation notamment grâce aux nouvelles technologies, et à l’enseignement à distance en particulier.
- Des dispositifs au service de ces objectifs
C’est au service de ces grandes orientations que certains dispositifs du modèle ont été choisis. C’est ainsi que la semestrialisation devait donner une certaine souplesse aux parcours des apprenants tout en leur évitant les pertes de temps dans leur cursus. La capitalisation allait dans le même sens mais aussi tous les dispositifs visant la mise à niveau, la remédiation et les passerelles.
C’est dans ce cadre que se situe l’importance axiale des services de scolarité et des affaires académiques. Ces services sont considérés non pas seulement comme des structures d’enregistrement des apprenants mais comme des instances de gestion des dispositifs entièrement consacrés à la réalisation des nouveaux objectifs. A ce titre, ces services deviennent des instances capables de créativité.
En définitive, le modèle du REESAO correspond à une université dans laquelle les Africains se reconnaissent et à laquelle les jeunes adhèrent. D’où l’importance de l’explicitation de ce modèle mais surtout de la possibilité donnée aux jeunes de se donner eux-mêmes un projet (UE optionnelles et libres, services aux étudiants, etc.).
- LES EXIGENCES DU MODELE
- Une culture de l’évaluation
L’efficience et l’efficacité visées demandent une évaluation constante du processus de formation en vue de redresser au fur et à mesure les erreurs. Il s’agit d’évaluation des apprentissages mais aussi d’évaluation des enseignements et des enseignants. Pour ce qui est de l’évaluation des apprentissages, la créativité est à l’ordre du jour ; par exemple par une réhabilitation de l’oral (dans des cultures où l’oralité compte beaucoup).
- La transparence
Pour la compétitivité des formations offertes dans le modèle universitaire du REESAO, la lisibilité des parcours devient une nécessité. C’est ce qu’assurent par exemple la précision exigée dans la dénomination des UE, mais surtout la mise au point du supplément au diplôme.
CONCLUSION
En 2050, l’Afrique pourrait compter plus de 800 millions de jeunes (soit environ un tiers, 35 % de la population mondiale de jeunes). C’est une force à condition toutefois que ces jeunes soient bien formés. C’est aux responsables des universités de faire face à cela et donc aux responsables des universités du REESAO.
QUE VIVE LE REESAO
POUR L’EXCELLENCE DE LA FORMATION DES JEUNES AFRICAINS !